mardi 27 août 2019

Facebook admet à son tour avoir écouté les conversations de ses utilisateurs


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Comme Amazon, Apple, Microsoft et Google, la firme de Menlo Park a reconnu que certaines conversations avaient fait l'objet d'une écoute humaine pour mieux calibrer ses publicités. Facebook, qui a longtemps nié s'adonner à de telles pratiques, dit avoir cessé les écoutes depuis une semaine.

Un aveu consécutif aux révélations de Bloomberg, selon lesquelles la firme a payé des centaines de contractuels pour retranscrire des enregistrements audio envoyés sur son application Messenger.
"Tout comme Apple ou Google, nous avons suspendu l'écoute des enregistrements sonores par des humains il y a plus d'une semaine", explique Facebook dans un communiqué transmis à l'agence financière. Depuis 2015, la firme employait des sous-traitants, dont l'entreprise TaskUs, pour vérifier que son intelligence artificielle interprétait correctement les messages audio envoyés sur Messenger.
Les extraits sonores transmis à ces prestataires étaient anonymisés et ces derniers ne savaient pas ce que Facebook faisait de leurs retranscriptions, précise Bloomberg.
Celles-ci peuvent servir, grâce à l'identification de mots-clefs, à affiner le ciblage publicitaire, voire à calibrer le fil d'actualités de l'utilisateur en fonction de ses centres d'intérêt, comme  le soutenait en 2016 un reportage diffusé sur une chaîne locale américaine.
Des conditions d'utilisation floues
"Nous montrons des publicités basées sur les centres d'intérêt des gens et autres informations contenues sur leur profil et pas sur ce qu'ils disent à voix haute", avait alors démenti Facebook. Une position également défendue par Mark Zuckerberg, deux ans plus tard devant le Congrès : "Vous parlez d'une théorie du complot qui circule affirmant que nous écoutons ce qui se passe dans votre micro et que nous l'utilisons pour de la pub, avait répondu le jeune milliardaire à une question du sénateur Gary PetersNous ne faisons pas ça."
La firme de Menlo Park avait plus tard précisé n'accéder au micro que si l'utilisateur a autorisé l'application à le faire. Une autorisation fournie par un tour de passe-passe : les conditions d'utilisation du réseau social, révisées en 2018, indiquent que Facebook collectera "les contenus, les communications et les autres informations que vous produisez"  dans "les messages ou toute autre communication avec autrui".  Sans mentionner explicitement d'enregistrement audio.
L'accès de prestataires aux conversations audio n'est, de même, pas strictement consigné. La firme explique seulement que des "fournisseurs et des prestataires de services qui soutiennent notre activité"  peuvent avoir accès à certaines informations "en analysant la façon dont nos produits sont utilisés".
Le patron de la FTC n'exclut pas le démantèlement
Les révélations sur les écoutes des conversations vocales mettent de nouveau en lumière le rapport difficile que peuvent entretenir les géants du numérique avec la protection de la vie privée de leurs utilisateurs. Même Apple, qui se veut le bon élève , a reconnu conduire un programme similaire.
Le groupe de Cupertino et Google ont, depuis, cessé leurs pratiques , tandis qu'Amazon a mis en place une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de son assistant vocal Alexa de refuser la transmission d'enregistrements vocaux vers des prestataires.
Les révélations de Bloomberg ne tombent pas au meilleur moment pour Facebook, qui vient de s'acquitter d'une  amende de 5 milliards de dollars infligée par la Federal Trade Commission (FTC) pour avoir violé ses engagements auprès de ses utilisateurs en matière de protection de leur vie privée.
Le régulateur américain du commerce conduit parallèlement  une autre enquête pour déterminer si les multiples acquisitions de la firme n'ont pas constitué une entrave à la concurrence. Dans un entretien publié mardi par  Bloomberg , son patron, Joe Simons, s'est dit prêt à dénouer certaines opérations si cela devait s'avérer nécessaire au rétablissement d'une compétition juste entre acteurs du numérique.

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