Comme Amazon, Apple, Microsoft et Google, la firme de Menlo Park a reconnu que certaines conversations avaient fait l'objet
d'une écoute humaine pour mieux calibrer ses publicités. Facebook, qui a longtemps nié s'adonner à de telles
pratiques, dit avoir cessé les écoutes depuis une semaine.
Un aveu consécutif aux révélations de Bloomberg, selon lesquelles la firme a payé des centaines de contractuels pour
retranscrire des enregistrements audio envoyés sur son application Messenger.
"Tout comme Apple
ou Google, nous avons suspendu l'écoute des enregistrements sonores par des humains
il y a plus d'une semaine", explique Facebook dans un
communiqué transmis à l'agence financière. Depuis 2015, la firme employait des
sous-traitants, dont l'entreprise TaskUs, pour vérifier que son intelligence artificielle interprétait correctement
les messages audio envoyés sur Messenger.
Les extraits sonores
transmis à ces prestataires étaient anonymisés et ces derniers ne savaient pas
ce que Facebook faisait de leurs retranscriptions, précise Bloomberg.
Celles-ci peuvent
servir, grâce à l'identification de mots-clefs, à affiner le ciblage
publicitaire, voire à calibrer le fil d'actualités de l'utilisateur en fonction
de ses centres d'intérêt, comme le soutenait en 2016 un
reportage diffusé sur une chaîne locale américaine.
Des conditions d'utilisation floues
"Nous montrons
des publicités basées sur les centres d'intérêt des gens et autres informations
contenues sur leur profil et pas sur ce qu'ils disent à voix haute", avait alors
démenti Facebook. Une position également défendue par Mark Zuckerberg, deux ans plus tard devant le
Congrès : "Vous parlez d'une théorie du complot qui circule
affirmant que nous écoutons ce qui se passe dans votre micro et que nous
l'utilisons pour de la pub, avait répondu le jeune milliardaire à une
question du sénateur Gary Peters. Nous ne
faisons pas ça."
La firme de Menlo Park
avait plus tard précisé n'accéder au micro que si l'utilisateur a autorisé
l'application à le faire. Une autorisation fournie par un tour de
passe-passe : les conditions d'utilisation du réseau social, révisées en
2018, indiquent que Facebook collectera "les
contenus, les communications et les autres informations que vous produisez"
dans "les messages ou toute autre communication avec autrui".
Sans mentionner explicitement d'enregistrement audio.
L'accès de
prestataires aux conversations audio n'est, de même, pas strictement consigné.
La firme explique seulement que des "fournisseurs et des
prestataires de services qui soutiennent notre activité" peuvent
avoir accès à certaines informations "en analysant la façon dont
nos produits sont utilisés".
Le patron de la FTC n'exclut pas le démantèlement
Les révélations sur
les écoutes des conversations vocales mettent de nouveau en lumière le rapport
difficile que peuvent entretenir les géants du numérique avec la protection de
la vie privée de leurs utilisateurs. Même Apple, qui se veut le bon élève , a reconnu conduire un programme similaire.
Le groupe de Cupertino
et Google ont, depuis, cessé leurs pratiques , tandis qu'Amazon a
mis en place une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de son assistant
vocal Alexa de refuser la transmission d'enregistrements vocaux vers des
prestataires.
Les révélations de
Bloomberg ne tombent pas au meilleur moment pour Facebook, qui vient de
s'acquitter d'une amende de 5 milliards de dollars infligée
par la Federal Trade Commission (FTC) pour
avoir violé ses engagements auprès de ses utilisateurs en matière de protection
de leur vie privée.
Le régulateur
américain du commerce conduit parallèlement une autre enquête pour
déterminer si les multiples acquisitions de la firme n'ont pas constitué une
entrave à la concurrence. Dans un entretien publié mardi par Bloomberg , son patron, Joe Simons, s'est dit prêt à dénouer certaines opérations si cela
devait s'avérer nécessaire au rétablissement d'une compétition juste entre
acteurs du numérique.
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