Patron de Starbucks durant 36 ans, Howard Schultz a transformé cette petite chaîne de 11
cafés au départ en géant mondial de la restauration. Aujourd'hui ce patron à la
fibre sociale s'attaque à la Maison Blanche.
Howard Schultz,
qui pense défier Donald Trump en 2020, a transformé Starbucks en
multinationale engagée n'hésitant pas à prendre position sur des problématiques
sociétales sensibles telles que les inégalités raciales et le mariage
homosexuel.
"J'aime notre pays, et
j'envisage sérieusement de me présenter à la présidentielle en tant que
centriste indépendant", écrit sur son
compte Twitter ce fils de routier qui a grandi dans un
quartier défavorisé de New York avant de conquérir les milieux
d'affaires.
Howard Schultz veut mettre ses origines
sociales modestes et son activisme social au coeur de sa probable campagne et
publie à ce propos un livre autobiographique, "From the Ground Up"
(Partir de rien). Une façon pour ce milliardaire dont fortune est estimée à 3,4 milliards de dollars par Forbes soit 300 millions de dollars de plus que l'actuel président américain dont l'empire immobilier a été
bâti à partir d'un prêt conséquent accordé par son père.
Aussi à l'aise dans les cercles financiers
en costume-cravate ou dans un café Starbucks en jean-chemise, Howard Schultz
s'est toujours dit persuadé que Starbucks fort de ses 28.000 cafés et 75
millions de clients par jour devait montrer l'exemple à un moment où les frères
Koch et les lobbies ont une influence importante sur les élections aux Etats-Unis.
Des campagnes pour la diversité et en
direction des réfugiés
Howard Schultz a été un des premiers
patrons à accorder la couverture santé et des stock-options à tous ses
employés, même ceux travaillant à mi-temps, un sésame précieux aux Etats-Unis
où les coûts de santé sont faramineux.
Sous sa férule, Starbucks a aussi mis en
place un programme d'aide financière pour encourager les salariés à obtenir un
diplôme d'enseignement supérieur, recruté des anciens combattants et 10.000
réfugiés après l'annonce du décret anti-immigration de Donald Trump.
"Vous ne pouvez pas attirer et
retenir les gens si votre seul but est de gagner de l'argent, parce que les
gens, et plus particulièrement les jeunes, veulent avoir un sentiment
d'appartenance à une organisation", expliquait-il
au magazine FastCompany en 2015.
En plein débat national sur les violences
policières contre les Noirs en 2015, Starbucks lance "Race Together",
une campagne incitant ses serveurs et serveuses à discuter de la question
raciale avec les clients. C'est le tollé! Mais Howard Schultz ne plie pas comme
en mars 2013 lorsqu'un actionnaire fustige en assemblée générale l'engagement
de Starbucks pour le mariage homosexuel.
Seule ombre à cette image d'activiste
social, Starbucks est membre du lobby de la restauration National Restaurant Association, opposé à l'augmentation du salaire horaire minimum à 15 dollars, et
l'entreprise a torpillé différentes initiatives d'employés pour se
syndiquer.
De 11 à 28.000 cafés sous sa
présidence
Howard Schultz a quitté Starbucks en juin
dernier, après l'avoir fait passer d'un groupe exploitant 11 établissements
lors de son arrivée en 1982 à plus de 28.000 cafés dans près de 77 pays à
travers le monde.
Ce sportif à la mise parfaite il a été
propriétaire de l'équipe de basketball des SuperSonics aujourd'hui
disparue a laissé un groupe ayant réalisé lors de l'exercice comptable 2017 un
chiffre d'affaires de 22,4 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,88 milliards. Certains émettent toutefois des réserves sur sa candidature.
"Vendre des cafés, même ceux ayant
une belle histoire, ne prépare pas à l'élection présidentielle, peu importe
combien vous en vendez", critique
ainsi Helaine Olen, chroniqueuse au Washington Post. Et Howard Schultz partage les positions
démocrates sur l'immigration, ce qui fait dire à certains que sa candidature
indépendante serait une bonne chose pour Donald Trump en 2020 en volant des
voix au futur candidat démocrate.
Mais il reste conservateur sur de nombreux autres sujets comme la
couverture maladie universelle pour tous, défendue par l'aile gauche des
démocrates, qu'il juge pas réaliste. Il critique également le virage à gauche
du parti. "J'espère seulement que Starbucks va continuer à me payer le loyer
des locaux qu'ils louent à la Trump Tower", a réagi Donald Trump,
jugeant que M. Schultz n'avait pas le cran nécessaire pour être président.
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