Au pouvoir depuis 1980, Robert Mugabé reste sourd à tous les appels à la démission depuis le coup de force de l’armée.
Le Parlement du Zimbabwe a ouvert, ce mardi en début d'après-midi, sa séance sur la destitution du président Robert Mugabe, qui s'accroche au pouvoir malgré les appels à la démission venus de toutes parts. La session a débuté alors que des centaines de personnes étaient massées à l’extérieur du siège du Parlement pour exiger le départ du chef de l’Etat, assigné à résidence depuis un coup de force de l’armée la semaine dernière.
Le délai qui avait été fixé à Robert Mugabe pour démissionner a expiré hier lundi à midi sans que le doyen des chefs d’Etat ait fait de nouvelle déclaration publique quant à son avenir.
Ce mardi matin, c’est l’ancien vice-président du pays Emmerson Mnangagwa, limogé il y a deux semaines, qui s’est joint aux appels afin de permettre "au pays d’avancer ". Le limogeage et l’exil d’Emmerson Mnangagwa, le 6 novembre, ont décidé l’armée à intervenir : les militaires craignaient de voir Grace Mugabe, 52 ans, honnie par la hiérarchie militaire, succéder à son mari. Depuis ce coup de force, Robert Mugabe a perdu le soutien du parti au pouvoir, la Zanu-PF, qui lui a notifié son limogeage de la présidence du parti, qu’il assurait depuis 1977.
Destitution, démission ou coup d’Etat
La Zanu-PF doit donc déposer une résolution de destitution devant les deux chambres du Parlement, l’Assemblée Nationale et le Sénat. Cette procédure peut être engagée pour "faute grave, manquement à la Constitution, violation délibérée de la Constitution ou incapacité".
Selon la Constitution zimbabwéenne, les deux chambres peuvent engager à la majorité simple une procédure de révocation du président. Une commission d’enquête est alors formée pour formuler une résolution de destitution, qui doit ensuite être approuvée à la majorité des deux tiers.
La Zanu-PF semble disposer d’appuis suffisants pour l’accélérer et la boucler dans un délai de vingt-quatre heures.
Rassemblements
Les anciens combattants du Zimbabwe ont mis tout leur poids et leur prestige dans la balance pour pousser le président vers la sortie : "Toute la population doit abandonner ce qu’elle est en train de faire et se diriger vers le Toit Bleu", la résidence privée du chef de l’Etat, pour que "Robert Mugabe quitte le pouvoir immédiatement", a déclaré le secrétaire général de l’influent groupe des vétérans de la guerre de libération, Chris Mutsvangwa. "Les manifestations doivent commencer maintenant".
L’armée a placé Robert Mugabe en résidence surveillée, tout comme son épouse Grace. Dimanche, il a rencontré une nouvelle fois les membres de l’état-major et de la police, qui ne sont manifestement pas parvenus à le convaincre de démissionner.
Si Robert Mugabe continue à refuser de céder le pouvoir, les militaires peuvent le renverser purement et simplement, un scénario qu’ils ont jusque-là délibérément écarté. Dès la nuit de mardi à mercredi, l’armée a pris soin de mettre les formes pour que son coup de force garde des apparences légales.
L’Union Africaine (UA) et l’organisation régionale d’Afrique australe (SADC) ont aussi mis en garde l’armée contre toute velléité d’évincer Robert Mugabe sans autre forme de procès.
Le général Constantino Chiwenga a appelé la population au "calme" et à la "patience", avant les nouvelles manifestations anti-Mugabe attendues mercredi dans la capitale.
La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, a appelé "tout le monde à éviter la violence".

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