Rencontre avec Gabriel FAL, LEADER Président Directeur Général de CGF Bourse, Gabriel Fal est un homme effacé qui mène ses activités dans la discrétion. Il a hérité du caractère trempé, du pragmatisme et du sérieux de son père Cheikh Fal, premier Directeur de la défunte multinationale, Air Afrique. Aujourd’hui, ce riche et tout à la fois lourd héritage lui a permis de gagner la confiance de nombreuses sociétés internationales. Il est marié à l’ex-mannequin Mimi Basse et père de trois enfants.
Si on vous demandait de dresser rapidement votre cursus, que diriez-vous ?
Gabriel Fal : Je dirais que j’ai investi ma carrière professionnelle dans la « finance de marché », ce qui correspond assez à ma formation académique puisque je suis diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises de Rouen avec une concentration en Marketing et d’un MBA de l’Université Mc Gill au Canada avec une spécialité en Finance. Mon premier emploi m’a été offert par la Chase Manhattan Bank à New York puis à Dakar pour l’ouverture de son bureau de représentation pour l’Afrique de l’Ouest. J’ai ensuite rejoint la Citibank qui avait une plus grande ambition pour l’Afrique alors que la Chase Manhattan Bank ne s’y était installée que par la volonté de son Président David Rockefeller J’ai donc eu la chance, à ce moment là, d’être recruté par la Citibank Dakar au sein d’une super équipe dirigée alors par Magatte Diop avec Evelyne Tall, Gabriel Lopes, Ahmed Iyane Dia, etc. Au sein de la City, j’ai eu à gérer les comptes de toutes les grandes entreprises du Sénégal avant d’en devenir le DGA. De là, j’ai été affecté à Londres pour gérer le Département des financements structurés chargé de l’Afrique francophone sous la supervision de Arnold Ekpe qui est devenu, depuis, le DG du Groupe Ecobank International.
Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux activités boursières ?
C’est à partir de 1996, que j’ai démarré la grande aventure de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA (BRVM) que j’ai contribué à installer en tant qu’Administrateur pour le Sénégal et Membre du Comité technique. Au démarrage de la BRVM, j’en ai décliné la Direction Générale et j’ai préféré me tourner vers l’entreprenariat, en lançant une Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) en Bourse qui s’appelle CGF Bourse.
Aujourd’hui, au vu de ce cursus, on peut dire que vous avez réussi. Comme feu votre père, vous avez un goût prononcé pour les hautes études. Que représente ce dernier pour vous ? Sa trajectoire vous a-t-elle influencé ?
En fait, si je devais parler de point commun entre l’expérience de mon père et la mienne, j’évoquerais le goût de la démarche scientifique et de l’innovation. Comme lui, j’aime les défis qui consistent à créer quelque chose qui n’existait pas auparavant dans notre environnement. Bien sûr, les dimensions ne sont pas comparables car en tant que PDG fondateur d’Air Afrique, Cheikh Fal a étéun des premiers grands managers en Afrique, mandataire de 11 chefs d’Etat qu’il n’hésitait d’ailleurs pas à bousculer quand cela était nécessaire. Il me disait qu’en dehors de programmer de nouvelles lignes, de commander de nouveaux avions, de superviser la formation de pilotes africains et de tenir en respect l’actionnaire-concurrent Air France, il passait au moins un tiers de son temps à recouvrer les sommes que les différents Etats devaient à Air Afrique. Un travail que ses successeurs n’ont pas su faire et qui est à l’origine des difficultés de l’entreprise après son départ. On a tendance à oublier qu’au moment où il quittait la Compagnie en 1973, Air Afrique était rentable et classée la 18ème compagnie aérienne du monde.
Beaucoup de Sénégalais ne vous connaissent pas alors que vous êtes un modèle de réussite qui peut les inspirer, leur servir d’exemple. Pourquoi cette discrétion ou cette modestie ?
Disons que j’ai un métier qui consiste, entre autres, à gérer des valeurs pour le compte de clients et cela ne se prête pas trop au « m’as-tu vu » ! (Rires). Plus sérieusement, je pense que dans la vie, il faut faire des choix. Personnellement, je préfère que les idées que je défends progressent au détriment de ma notoriété que le contraire. En plus, la communication de CGF Bourse est plus orientée vers le client et le produit que vers la promotion de soi-même. Si au terme de ma carrière professionnelle, mes compatriotes et les entreprises de mon pays savent se servir à bon escient du formidable atout que représente le marché financier et boursier régional alors je pourrais dire que j’ai rempli la mission que je me suis fixée. J’en profite pour dire que mon épouse m’aide énormément dans mon travail surtout vis à vis des investisseurs internationaux. Je l’en remercie.
Venons-en à vos activités professionnelles ? Vous avez fondé CGF Bourse. En quoi consiste son rôle ?
Si, en tant qu’épargnant individuel, vous décidez d’investir une partie de votre épargne dans des actions, il vaut mieux que celles-ci soient cotées en Bourse que non-cotées car la cotation vous offre une meilleure information, sécurité et transparence sur lesdites actions ainsi que la possibilité de les revendre facilement. L’intérêt d’acheter des actions est de profiter des dividendes (à savoir 10% par an en moyenne pour la Sonatel) et d’encaisser des plus values (le cours de la Sonatel a été multiplié par 9 depuis son introduction en Bourse). Or, pour acheter des actions cotées en Bourse vous devez nécessairement ouvrir un compte dans une SGI. Ce dernier fonctionne un peu comme un compte bancaire où votre SGI débite le montant de vos achats d’actions et crédite le produit de vos ventes d’actions. CGF Bourse est une parmi les 22 SGI agréées dans l’UEMOA par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) qui est une institution de l’UEMOA qui surveille la sécurité des épargnants. Le régime de surveillance et de sanctions est sévère. C’est simple, si une SGI fait une faute, elle encourt un retrait d’agrément immédiat. CGF Bourse compte actuellement 17 collaborateurs et gère un portefeuille-clients d’environ 150 milliards de francs CFA.
Quels sont les services que les SGI comme CGF Bourse procurent aux entreprises ?
Une entreprise qui cherche à lever des fonds sur le marché financier, soit sous forme d’actions ou sous forme d’obligations, doit nécessairement en confier le mandat à une SGI. Suite à cette levée de fonds, les actions sont introduites en Bourse pour faciliter leur négociabilité, c’est-à-dire leur revente. C’est le même principe pour les obligations. CGF Bourse a été mandataire de divers émetteurs comme la Sonatel, Matforce, la BOAD, la BIDC, l’AFD, l’Etat du Sénégal, et bien d’autres. Par exemple, si le Port Autonome de Dakar peut afficher des performances aussi remarquables, c’est aussi grâce aux deux emprunts obligataires qu’ils ont pu mobiliser en 2004 et 2010 à travers CGF Bourse.
Vous semblez minimiser la spéculation boursière et les crises financières internationales dont la dernière en date en 2008 a été très sévère ?
En fait, beaucoup de gens pensent encore que les activités boursières et financières se résument à de la spéculation. C’est vrai que la Bourse se prête facilement à la spéculation financière mais on n’est pas obligé de spéculer quand on place son argent en Bourse. On peut placer son argent en bon père de famille. Les gens clairvoyants savent que les revenus de tout un chacun ne sont pas réguliers et linéaires pendant une vie. Il faut donc répartir ses revenus entre les périodes fastes comme celle de son summum de carrière et celles moins rémunératrices comme celle de la retraite. Le système boursier permet de gérer son patrimoine de la manière la plus rentable, la plus transparente et la plus sûre. Prenez, par exemple, la situation des employés de la Sonatel. Si beaucoup ont pu acheter des maisons « cash », c’est en grande partie grâce au portefeuille d’actions qu’ils ont su négocier en 1997 et qui ont fait l’objet d’une introduction en Bourse en 1998.
En quoi consistent les activités de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) ?
La presse a tendance à parler de la Bourse comme s’il agissait d’une personne, d’une entreprise ou d’un gouvernement, en fait on devrait parler de système boursier car cela implique plusieurs intervenants comme le CREPMF, les SGI, les banques, les experts comptables etc. Il y a bien une société qui gère l’exploitation de la « cotation » et qu’on appelle communément la « Bourse » mais je dirais que la Bourse ne gère qu’une partie du système boursier : la cotation, c’est-à-dire le calcul des valeurs. C’est une calculatrice géante ! En dehors de cela, la Bourse n’est que la compilation statistique des activités des SGI. Ce sont ces statistiques qui font l’objet de commentaires journalistiques. Or l’ensemble de ces statistiques traduisent des tendances, de l’engouement ou de la méfiance pour une valeur, un secteur économique voire un pays donné. Pour simplifier, lorsque les journaux parlent de la « Bourse », ils parlent de la synthèse de l’activité d’une place financière donnée comme la Bourse de Paris, celle de New York ou la BRVM. Ce sont des notions macro-économiques, c’est-à-dire au niveau d’un pays. Ce qui doit intéresser le particulier, c’est ses propres achats et ventes d’actions, et donc sa propre synthèse à travers son relevé de compte mensuel établi par sa SGI.
Quel est l’impact de la crise ivoirienne sur la BRVM ?
Durant la crise ivoirienne les activités boursières ont chuté en volume d’environ 90%. Par contre, les cours, c’est-à-dire le prix des actions, sont restés stables. Cela veut dire que les épargnants et les investisseurs régionaux et internationaux sont restés convaincus que la situation en Côte d’Ivoire allait se rétablir à brève échéance. Il n’y a donc pas eu de mouvement de panique comme on aurait pu justement le redouter. J’en attribue le mérite à nos institutions communautaires de l’UEMOA qui ont joué une partition sans fausse note et qui, selon moi, ont sauvé la Côte d’Ivoire.
La Sonatel pèse-t-elle encore lourd au sein de la BRVM ?
La Sonatel pèse toujours entre 40 et 50% des activités boursières de l’UEMOA. Les plus gros investisseurs sur la BRVM sont des fonds d’investissement anglais et américains qui ne sont pas vraiment des fonds spéculatifs mais des fonds universels qui veulent des actions dans toutes les régions du monde, y compris en Afrique. Ils travaillent sur un indice qui regroupe les valeurs qui sont considérées comme les 40 actions les plus performantes d’Afrique parmi lesquelles, les grandes valeurs égyptiennes ou sud africaines et la Sonatel est la seule valeur de la BRVM qui n’est jamais sortie de cet indice. Pour nous taquiner, les gestionnaires anglais disent que la BRVM devrait s’appeler la« Bourse de la Sonatel » tellement cette dernière est hégémonique parmi les valeurs cotées à la BRVM. C’est tout dire ! (rires)
Comparée à ses consoeurs des pays anglophones, la BRVM reste encore à la traîne.
Qu’est-ce qui l’explique selon vous ? C’est certain que les pays francophones sont encore peu développés en matière boursière. C’est culturel, c’est historique, mais cela ne veut pas dire pour autant que les choses ne changeront jamais. Parlons d’abord des épargnants. En réalité on ne leur propose que rarement d’acheter des actions ou des obligations. En Europe, en Asie ou ailleurs, si vous allez voir votre banquier et que celui-ci constate que vous avez des disponibilités d’épargne sur vos comptes, il va certainement faire rapidement le diagnostic de votre profil d’investisseur (comme un médecin va faire votre bilan de santé) et vous proposer des produits financiers et boursiers pour améliorer la sécurité et le rendement de votre épargne. Chez nous, la banque se limitera à vous proposer un « dépôt à terme maison » parce que même si les banques participent activement aux emprunts obligataires pour leur propre compte, elles ne sont pas encore prêtes à proposer ces mêmes produits à leurs clients car elles y voient une concurrence pour leurs dépôts. J’ai toutefois la conviction que cela changera dans le futur tout simplement parce qu’il n’y a pas de raisons que le Sénégal suive une évolution différente que la plupart des pays plus développés. Regardez, au Sénégal, le nombre des épargnants en Bourse, par exemple, ne dépasse pas 50.000 personnes contre presque un million au Ghana.
Pourquoi certaines entreprises sont encore réticentes pour mettre leur capital en bourse ? Est-ce un problème de culture boursière ou une méfiance ? Comment expliquer ce peu d’engouement des entrepreneurs d’Afrique francophone pour la Bourse ?
Une première raison tient à la nature de l’actionnariat des entreprises. Certaines sont des filiales de multinationales qui n’ont guère besoin de capitaux externes ni envie de partager avec d’autres actionnaires leurs bénéfices. Ou alors, il s’agit de sociétés familiales au sein desquelles la gouvernance d’entreprise, qui implique transparence, respect des normes de gestion, n’est pas toujours à la hauteur.
À côté de ces arguments apparaît celui des logiques d’investissement qui différencient les anglophones des francophones. Dans le cycle de vie d’une entreprise, après la phase de création et de promotion, l’entrepreneur anglophone privilégie le financement du développement par le capital, à travers des fonds d’investissement ou de capitalrisque. Arrivé à la phase de maturité, qui intervient en général au bout de six à sept ans, le fonds d’investissement effectue sa « sortie » par la Bourse.
L’opération permet à l’entrepreneur anglophone de valoriser au mieux son capital grâce à la plusvalue qu’il a réalisée. À l’opposé de cette tradition anglo-saxonne, l’entrepreneur francophone finance généralement la phase de développement de son entreprise par de la dette bancaire. La phase de maturité arrive au moment de l’extinction des emprunts, et le rendement que le promoteur attend n’est réalisé qu’à travers les dividendes distribués. Parler d’une éventuelle « sortie » est une question taboue puisque, selon lui, l’entrepreneur francophone est là pour toujours… (rires) !
Selon vous, au regard des déboires de la Senelec, par exemple, comment se porte l’entreprise publique au Sénégal ?
Au niveau de l’entreprise publique, je ne comprends pas pourquoi on nomme à la tête de sociétés importantes et pas toujours faciles à gérer, des gens qui n’ont aucune expérience de la gestion sous prétexte qu’ils sont performants sur le plan politique. Vous vous rendez compte que certaines entreprises publiques ne publient pas de comptes certifiés depuis des années. Dans ce cadre, je serais partisan d’une règle non écrite qui consisterait à démettre immédiatement de ses fonctions tout Directeur Général d’une entreprise ou régie financière publiques qui ne pourrait pas faire certifier ses comptes annuels car c’est le comble de l’incompétence en matière de gestion. C’est comme si un pilote d’avion prétendait faire son travail, c’est-à dire transporter les gens en toute sécurité, sans utiliser un tableau de bord fiable.
Le MEDS vous a décerné le prix du meilleur manager homme de l’année 2010. Selon vous, qu’est-ce qui vous a valu ce trophée ? Et que représente pour vous cette distinction ?
Tout d’abord, je tiens à féliciter le MEDS et son Président Mbagnick Diop, car il a su organiser un grand évènement réellement populaire autour de l’entreprise sénégalaise et africaine. Bien sûr, il y a ceux qui doutent de la sincérité et de la valeur de la distinction. A ceux-là, je dis qu’il s’agit effectivement d’une manifestation commerciale pour les sponsors et de mobilisation de ressources pour les organisateurs. Et alors ? Rien de nouveau sur la comète, cela fonctionne comme ça partout dans le monde entier ! Par contre, je peux témoigner que CGF Bourse n’a jamais été mise devant un « deal » qui consisterait à échanger un sponsoring contre une distinction. Pour ma part, je considère que j’ai créé en 1998 une entreprise avec un capital de 150 millions de francs CFA qui n’a jamais fait de pertes et dont le capital vient d’être porté à 1 milliard de francs CFA. CGF Bourse travaille et paye ses factures dans le respect absolu de ses clients, de son personnel, de ses fournisseurs et prestataires de service, de l’administration fiscale, ce qui lui permet de recevoir en retour leur considération et respect. Cela dit, cette distinction n’est pas un diplôme académique, censé certifier un savoir donné ou la maîtrise d’une technique, mais juste une reconnaissance « honoris causa », pour l’honneur, d’une contribution au progrès de la gestion des entreprises dans notre pays et je le prends donc comme cela. Par ailleurs, mes collaborateurs et moi-même essayons d’aller le plus possible vers le grand public pour lui apporter, autant que faire se peut, les bienfaits de l’investissement et de l’épargne et à ce titre, la distinction du MEDS était parfaitement opportune.
Etes-vous passionné de politique ?
Je ne suis pas passionné de politique mais un grand amateur d’Histoire, avec un grand H. Je lis en moyenne deux ou trois livres à la fois concernant le même sujet pour pouvoir faire des recoupements et mieux comprendre le « pourquoi et le comment » de ce qui s’est passé dans l’espace et dans le temps. Je m’intéresse à la politique actuelle de mon pays, non pas dans ses dimensions « lutte pour le pouvoir » ou « positionnement pour un poste » mais dans ce que l’Histoire retiendra de notre époque et du régime qui est le nôtre. Franchement, à titre personnel, les postes de gouvernement ne me font pas rêver et je n’échangerais pas ma position d’entrepreneur indépendant pour celle de ministre. Pour aller plus loin, je dirais que si on devait considérer une répartition intelligente des rôles au Sénégal, il faudrait qu’il y ait moins de politiciens et plus d’entrepreneurs, d’ingénieurs et de chercheurs. Il faudrait aussi revaloriser, c’est à dire donner plus de considération pécuniaire, à des professions qui sont tout aussi indispensables au développement du pays que celle de ministre, à savoir, les enseignants, les métiers de santé publique, les agents de propreté, les agriculteurs, les professionnels du tourisme et bien d’autres.
Vous voulez dire que les responsabilités publiques ne vous intéressent pas ? D’où vous vient cette aversion ?
J’aime l’indépendance avant tout ! Or, un responsable de la sphère publique reste forcément très dépendant du pouvoir politique. Peut-il, dans ce cas, échapper à la pensée unique ? Je ne le crois pas. Si vous le permettez, je voudrais profiter de cette tribune pour demander à certains de vos collègues journalistes d’éviter de qualifier certaines nominationsà des postes publics de « juteuses ». Ceci est dérangeant car cela insinue auprès des lecteurs que le bénéficiaire serait le propriétaire de son domaine de responsabilité dont il pourrait disposer des ressources à sa guise, alors qu’en fait, il n’en est que le dépositaire. Or, un dépositaire n’est pas un propriétaire, il doit rendre compte de sa gestion et restituer en intégralité, à la fin de sa mission, les affaires ou les actifs qui lui ont été confiés.
Politique et finance, un couple sur lequel repose tout développement ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette assertion. Certes, l’action publique et le financement font partie intégrante du développement mais ils sont loin d’être les seuls. Je pense que d’une façon ou d’une autre tous les corps de métiers participent au développement économique et social du pays. Maintenant si votre question tend à insinuer que les financiers devraient faire de la politique et les politiques de la finance, vous ne trouverez pas en moi un avocat de cette thèse. Je suis plutôt un adepte de la théorie du « à chacun son métier ». Bien sûr, des personnes comme le Président Yayi Boni, ou l’ex Premier ministre de Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny sont issus de la sphère financière mais il faut dire que l’un dirigeait une banque de développement et l’autre une banque centrale et de ce fait, partie prenante de l’élaboration et de l’exécution de la politique macro-économique des Etats et donc, par extension, de la direction politique des pays. Cela n’est pas le cas des banquiers commerciaux, des banquiers d’affaires, des ingénieurs financiers et des spécialistes de la finance de marché parmi lesquels je me classe.
Si on vous demandait d’adresser un message aux jeunes Africains, que leur diriez-vous ?
J’encouragerais tous les jeunes à choisir, à l’apprendre, avec toute la patience et la persévérance qu’il faut, et à exceller dans un métier. Que la jeune personne ait fait ou non des études poussées, ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de maîtriser un savoir ou une technique et essayer de devenir le meilleur. Vous savez, si vous êtes le meilleur cordonnier ou la meilleure couturière de votre ville ou de votre pays, vous deviendrez un ou une notable aisé(e) et respecté(e) partout et en tout temps. Si par contre, vous êtes bardé de diplômes sans maîtriser un métier particulier, vous risquez de vivre une vraie « galère ». J’invite donc tous les jeunes Africains et Africaines et surtout les filles, à choisir et à privilégier « l’approche métier ».
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